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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/261

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par une pente invincible dans le court espace de cinq ou six ans. La loi de l’attraction n’a pas une force plus active, ni plus vigoureuse : c’est un fleuve qui baigne incessamment le pied du trône, & où l’on puise de maniere à le dessécher quelquefois subitement : là, aboutit le denier de la veuve, l’obole cachée des journaliers ; & que de larmes répandues pour former ce fleuve immense, ce fleuve d’or !

Une multitude de trésoriers, comme de vastes seaux qui descendent alternativement dans un puits, tirent les sommes qu’il faut pour la guerre, pour la marine, pour l’artillerie, pour les fortifications, pour les rentes de la maison-de-ville, pour toutes les dépenses enfin que le roi fait dans le royaume, par raison ou par caprice.

La facilité prompte avec laquelle on enleve les grosses sommes qui y sont déposées, fait contraste avec l’effort perpétuel & pénible d’une armée de cent cinquante mille commis qui, l’épée dans une main, la plume dans