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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/270

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nom de chevaliers, de comtes, de marquis, &c. Ces marquis, ces comtes, ces chevaliers sont en chambres garnies : tant qu’ils ne sont que fats & avantageux, qu’ils se contentent de mettre à contribution quelques femmes extravagantes, quelques vieilles douairieres, la police ne s’en inquiete pas, on les tolere encore ; mais à la moindre friponnerie, on les démarquise au château de Bicêtre.

Le moindre gentilhomme se qualifie, dans le plus petit contrat, de haut & puissant seigneur : le garde-note écrit tout ce qu’on lui dicte ; de là l’incroyable facilité de se donner des noms & des titres usurpés.

Les hommes nouveaux cherchent de leur côté à grimper sur un gradin un peu plus élevé ; ils tâchent de faire oublier leur origine, & on les voit tous possédés de la fureur de faire ériger leurs terres en marquisat.

Cette excessive vanité tourne une infinité de têtes : ce qui fait qu’on s’accoutume aujourd’hui à ne regarder comme vraie noblesse que