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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/277

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leurs aigles dans les Gaules ; je les voyois sans terreur conquérir le pays où je suis né ; je voulois faire des tragédies de toutes les stations de César ; & ce n’est que depuis quelques années, que je ne sais quelle lueur de bon sens m’a rendu François & habitant de Paris.

Il est sûr qu’on rapporte de l’étude de la langue latine un certain goût pour les républiques, & qu’on voudroit pouvoir ressusciter celle dont on lit la grande & vaste histoire : il est sûr qu’en entendant parler du sénat, de la liberté, de la majesté du peuple Romain, de ses victoires, de la juste mort de César, du poignard de Caton qui ne put survivre à la destruction des loix, il en coûte pour sortir de Rome, & pour se retrouver bourgeois de la rue des Noyers.

C’est cependant dans une monarchie que l’on entretient perpétuellement les jeunes gens de ces idées étrangeres, qu’ils doivent perdre & oublier bien vite, pour leur sûreté, pour leur avancement & pour leur bonheur ;