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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/28

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d’intéresser l’observateur attentif.

Un carrosse vous arrête, sous peine d’être moulu sur le pavé ; voici qu’un pauvre couvert de haillons tend la main à un équipage doré, où est enfoncé un homme épais qui, retranché derriere ses glaces, paroît aveugle & sourd ; une apoplexie le menace, & dans dix jours il sera porté en terre, laissant deux ou trois millions à d’avides héritiers qui riront de son trépas, tandis qu’il refusoit de légers secours à l’infortuné qui l’imploroit d’une voix touchante.

Que de tableaux éloquens qui frappent l’œil dans tous les coins des carrefours, & quelle galerie d’images, pleine de contraires frappans pour qui sait voir & entendre !

La prodigieuse conformation de huit cents mille hommes entassés & vivant sur le même point, parmi lesquels il y a deux cents mille gourmands ou gaspilleurs, conduit au premier raisonnement politique. Le duc ne paie pas le pain plus cher que le porte-faix qui en mange trois fois plus. Comment n’être