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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/288

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ministres & les princes ; on ne voit à la cour que leurs écritures.

Au commencement du regne, ils étoient menacés de faire fortune ; on recevoit tous les placets, on les lisoit, on y répondoit ; tout-à-coup cette correspondance entre le peuple & le monarque a été interrompue ; les écrivains des Charniers, qui avoient déjà acheté des perruques neuves & des manchettes, ont vu leur bureau désert, & sont retombés dans leur antique indigence.

Sans la secrete correspondance des cœurs, qui n’est pas sujette aux vicissitudes, ils iroient augmenter le nombre déjà prodigieux des squélettes qui sont entassés au-dessus de leurs têtes, dans des greniers surchargés de leur poids. Quand je dis surchargés, ce n’est pas une figure de rhétorique. Ces ossemens accumulés frappent les regards ; & c’est au milieu des débris vermoulus de trente générations, qui n’offrent plus que des os en poudre ; c’est au milieu de l’odeur fétide & cadavéreuse, qui vient offenser l’odorat,