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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/56

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fuse, sera heureux s’il ne perd quelquefois que sa santé ; si échappant à la ruine de ses forces, il ne va pas grossir le troupeau de ces ames sans vigueur & sans nerf, qui ne sont plus livrées qu’à un mouvement machinal. Ainsi tout est compensé ; & pour acquérir des connoissances rares ou neuves, il en coûte cher quand on veut toucher à l’arbre de la science.

Il y auroit une piece de théatre très-morale à faire, le Pere de province. Un malheureux pere, souvent abusé par une perspective décevante, combat mollement les desirs de son fils, lui ouvre la route de la capitale, séduit le premier par l’idée d’une prochaine fortune. Le fils part avec un cœur rempli des vertus filiales ; mais la contagion va le saisir : bientôt le pere infortuné ne reconnoîtra plus le fils dans lequel il se complaisoit ; celui-ci aura appris à tourner en ridicule les vertus qui lui étoient les plus cheres ; & tous les liens qui l’attachoient à la maison paternelle, il les aura oubliés ou