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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/68

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horriblement cher à la patrie. Et comment le culte simple fondé par les apôtres a-t-il pu se convertir en un luxe ?

Calculez ensuite ce que les fabriques de galons, les étoffes de soie, or & argent, emportent de ces précieuses matieres.

Dans les maisons des particuliers, vous voyez des pyramides de vaisselle plate. On se plaint de la disette des especes monnoyées, & voilà que nous avons dénaturé nos richesses pour les métamorphoser en meubles.

On ne peut faire aucune entreprise, aucun travail, sans une somme d’argent monnoyé ; & tout se prend néamoins sur cette même somme, & on l’enleve, & on l’attire par tous les moyens imaginables, & il n’en reste plus entre les mains des particuliers ; & cette richesse métallique, qui dort à côté de nous, devient une richesse stérile, parce qu’elle n’a aucun cours. Et comment subvenir ensuite aux dépenses extraordinaires, lorsqu’on ne fait que se servir des mêmes écus, les pomper & les repomper ; c’est-à-dire,