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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/78

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gens qui se noient dans la Tamise ; & qu’un étranger ne sauroit traverser la ville, sans être assommé à coups de poings.

Tous les chapiers de la terrasse des Tuileries, ou de l’allée du Luxembourg, sont des anti-anglicans, qui ne parlent que de faire une descente en Angleterre, de prendre Londres, d’y mettre le feu ; & qui, quoique jugés souverainement ridicules, n’ont guere sur les Anglois des idées différentes de celles du beau monde.

Nous ne pouvons à Paris ni parler ni écrire, & nous nous passionnons à l’excès pour la liberté des Américains, placés à douze cents lieues de nous : il ne nous est jamais arrivé, au milieu de ces applaudissemens donnés à la guerre civile, de faire un retour sur nous-mêmes ; mais le besoin de parler entraîne le Parisien, & les premieres classes comme les dernieres sont soumises à des préjugés déplorables & honteux.

Le Parisien a changé à bien des égards. Il étoit, avant le regne de Louis XIV, bien