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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/94

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Les Parisiens semblent avoir deviné par instinct, qu’un foible degré de liberté de plus ne valoit pas la peine d’être acheté par une continuité de réflexions & d’efforts. Le Parisien oublie promptement les malheurs de la veille ; il ne tient point registre de ses souffrances ; & l’on diroit qu’il a assez de confiance en lui-même pour ne pas redouter un despotisme trop absolu. Il a développé beaucoup de patience, de force & de courage, dans la derniere lutte du trône & des loix ; des villes assiégées ont eu moins de courage & de constance.

En général, il est doux, honnête, poli, facile à conduire ; mais il ne faudroit pas trop prendre sa légéreté pour de la foiblesse ; il est dupe un peu volontairement ; & je crois assez le connoître pour affirmer que, si on le poussoit à bout, il prendroit une opiniâtreté invincible : souvenons-nous de la ligue & de la fronde. Tant que ses maux ne seront pas insupportables, il ne se vengera que par des couplets & des