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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/103

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Ils parcourent les rues depuis le matin jusqu’au soir, le visage barbouillé de suie, les dents blanches, l’air naïf & gai : leur cri est long, plaintif & lugubre.

La rage de mettre tout en régie en a formé une du ramonnage des cheminées. Les régisseurs ont classé ces petits Savoyards ; & l’on a vu dans des maisons neuves & blanches, tous ces visages basannés & noircis, qui étoient aux fenêtres, en attendant de l’ouvrage.

L’établissement de la petite poste a fait tort aux Savoyards. Ils sont moins nombreux aujourd’hui, & l’on dit que leur fidélité, si long-tems éprouvée, commence à n’être plus la même ; mais ils se distinguent toujours par l’amour de leur patrie & de leurs parens.

Il est bien cruel de voir un pauvre enfant de huit ans, les yeux bandés & la tête couverte d’un sac, monter des genoux & du dos dans une cheminée étroite & haute de cinquante pieds ; ne pouvoir respirer qu’au