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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/107

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Un pere appelle son fils monsieur, ne le tutoie point, & le petit bourgeois a l’imbécillité d’imiter en ce point le grand seigneur.

Ce singulier & déplorable abus vient de la coutume de Paris. Elle a ôté aux hommes ce que le droit romain leur attribuoit : les femmes, en vertu de la loi, deviennent presque maîtresses. La source de tout le mal, si l’on y prend garde, est donc dans nos loix civiles, & dans notre coutume qui accorde trop aux femmes.

Qu’un homme se marie, qu’il perde son épouse, le voilà ruiné : les enfans viendront demander le bien de leur mere, poursuivront leur pere en justice, le réduiront à la mendicité. Les loix consacreront les indignes poursuites des enfans, & personne ne trouvera extraordinaire ce mépris de l’autorité paternelle. Comment a-t-on pu annuller à ce point le pouvoir du chef de la famille ?

Souvent donc la vie d’un bourgeois se passe à être tyrannisé par sa femme, dédaigné par ses filles, bafoué par son fils,