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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/181

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quatre fois la semaine, comédie tous les jours ; mais point d’opéra en plein-chant. Aux portes du palais, des gens affidés versoient du café à tous venans ; & quiconque lâchoit un bon mot, obtenoit sur-le-champ un passe-port pour aller par-tout. Rire & faire rire étoit le propre d’un grand homme qui servoit dignement son prince & l’état. Toutes les dignités appartinrent de droit aux plaisans qui narroient les plus joyeuses facéties.

Un poëte qui n’étoit ni triste ni gai, mais qui amusoit assez ceux qui l’écoutoient parler de ses vers, étoit parvenu à la cour, on ne sait trop comment : mais enfin il s’y trouvoit ; & comme l’on confond assez volontiers dans ce pays les poëtes avec les foux, il avoit ses entrées. Il mit à profit cet avantage, & fit si bien qu’il obtint de lire devant sa majesté une tragédie toute entiere, de sa composition ; tragédie, selon lui, étonnante, pathétique, qui réunissoit tout ce qu’Aristote exige, d’après les drames grecs, car il n’a vu que cela dans sa poétique. Cette tragédie étoit prônée