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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/186

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plus fréquens, plus vifs & plus plaisans que dans une grande ; les nuances frappent là bien autrement, parce que tout est circonscrit, uniforme, & que l’on veille les uns sur les autres. Il est un ton général dans les opinions, dans les usages, dans les vêtemens même, qu’on ne sauroit enfreindre.

Mais à Paris, l’homme est trop noyé dans la foule, pour avoir une physionomie qui tranche ; le ridicule devient imperceptible. Chacun vivant à son gré, & les mœurs étant prodigieusement mêlées, il n’y a point d’état & de caractere qui ne porte son excuse avec soi. On dit donc parmi ce peuple une multitude de bons mots qui résultent de la profonde connoissance des choses ; mais on frappe rarement sur l’homme, on le respecte ; ou si le trait se lance au hasard, il est effacé par le trait du lendemain. La médisance se manifeste moins par méchanceté que pour écarter la langueur & l’ennui. On sentira aisément que sous ce point de vue l’art de la comédie n’admet que des tableaux, & qu’on regar-