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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/256

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ou se dissipent ; tous fixent leurs regards sur cette large main qui tourne le bouton : immobile ou en action, elle a un effet surprenant sur tous ceux qui la regardent. Ses étrennes montent à cinq cents louis d’or ; car on n’oseroit offrir à cette main un métal aussi vil que l’argent.

Le soir un grouppe de courtisans traversent de nouveau l’œil-de-bœuf, & s’attroupent auprès d’une porte fermée, en attendant qu’elle s’entr’ouvre. Ce sont des prétendans à l’honneur insigne de souper avec le maître : tel a poursuivi cette grace pendant trente-cinq années, fidele tous les jours de sa vie à cette porte ingrate ; & il est mort à la poursuite de ses faveurs, sans l’avoir vu bâiller pour lui. Chacun se flatte d’une espérance qui ne s’éteint pas, quoique si souvent trompée. Au bout de deux heures, cette porte adorée & pressée dans un tremblement respectueux, s’entr’ouvre : un huissier de la chambre paroît avec une liste à la main, & crie sept à huit noms ; noms fortunés qui entrent, ou plutôt