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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/268

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il en attendra les intérêts. Ainsi fait le gueux : s’il a avancé quelque chose à un misérable, il ne le quitte plus & redouble ses bienfaits, parce qu’il ne veut pas tout perdre. Un homme demandoit un écu au cardinal de Fleuri. — Et que ferez-vous d’un écu ? — C’est que quand vous m’en aurez donné un, reprit-il, vous m’en donnerez quelques autres.

Si vous êtes placé chez un prince, tâchez qu’il vous donne quelque chose, & votre fortune est faite. Un poëte nu se trouve chez son altesse ; le prince mettra sa vanité à le créer : il ne l’aime, ni ne le considere ; mais il faut qu’il fasse dire à la renommée : il a enrichi un poëte ; on ne l’approche point qu’il ne répande sur vous les faveurs éclatantes qui appartiennent à son rang.

La force des grands, disoit une femme de beaucoup d’esprit, n’est que dans la tête des petits. Et ne voilà-t-il pas encore un rapport étonnant, sur lequel il y auroit un livre à faire pour qui sait réfléchir ?