Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 268 )

besoin lui arrache des plaintes forcées. Tel grand, par ambition, parle hautement pour la liberté publique, & tonne dans le temple des loix en les bravant ailleurs. Que veut le premier ? Un morceau de pain. Que veut le second ? Une place éminente.

Les grands ne paient point leurs dettes, ainsi que font les petits ; les grands empruntent éternellement aux indigens, qui long-tems mangés, se réunissent enfin, & parviennent à dissoudre la fortune du superbe emprunteur.

J’ai peu vu les grands, mais je les ai entrevus. Tout homme a de l’orgueil, je le sais ; mais le leur est ordinairement en raison de leur crédit & de leur puissance ; ils savent très-bien qu’ils peuvent blesser impunément, & ils usent volontiers de ce privilege ; ils se font une espece de devoir de mépriser tout ce qui n’est pas eux ; le génie & la vertu les offusquent & les molestent ; & ils voudroient ridiculiser la vertu & le génie, non par jalousie, mais par