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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/273

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Les échelons d’une superbe échelle
Un jour prirent dispute entr’eux
Sur le rang & sur la naissance.
Le plus élevé prétendoit
Sur tous avoir la préférence.
Pour le prouver, il péroroit.
« Entre nous, disoit-il, il est trop de distance :
» D’ailleurs chacun de vous en sa place arrêté,
» Ne détruit-il pas le systême
» De cette belle égalité
» Que condamne la raison même ?
— » Mais, dit l’un d’eux, nous sommes tous de bois ;
» Et le hasard nous plaça tous, je pense.
— » D’accord ; mais placés une fois,
» On admit la prééminence.
» Le tems a consacré ce qu’a fait le hasard.
» Pour renverser l’ordre ordinaire,
» Vous êtes venus un peu tard.
» Vils échelons, apprenez à vous taire. »
Outré de ce discours qu’il ne soupçonnoit pas,
Un philosophe alors s’empara de l’échelle ;
Et la plaçant de haut en bas,
Changea les rangs & finit la querelle.