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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/283

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Faut-il dire le mot à la portion majeure du public ? S’il n’y avoit point de receleurs, il n’y auroit point de voleurs, comme dit le proverbe. Si le public en gros n’étoit pas enclin à protéger tout ce qui rabaisse les talens connus, les auteurs vivroient sans se faire la guerre. C’est donc le public qui est responsable des excès auxquels ils se livrent, puisqu’il soudoie la troupe des journalistes, puisqu’il les encourage à se déchirer entr’eux ; & ils ne répondent que trop, depuis quelques années, à cette outrageuse attente. Jamais le mépris des bienséances n’a été poussé si loin, & la critique est devenue si dure, si pédantesque, qu’elle a manqué l’effet qu’elle se proposoit.

Ces petites & inutiles querelles, que la jalousie & l’esprit de parti font naître entre petits écrivains qui prennent chacun de leur côté un ton avantageux, sont aussi ridicules que honteuses ; car il s’agit le plus souvent de rimes, d’hémistiches, d’un mot déplacé, &c. Plus la cause est frivole, plus l’achar-