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pendant qu’il y est venu dans le plus grand incognito, après la paix de 1763. Une dame qui a demeuré huit années à Berlin, m’a assuré avoir rencontré dans les Thuileries une figure si ressemblante à celle du héros de l’Europe, qu’elle en fut frappée ; & celui qu’elle regardoit avec surprise, en fut si frappé lui-même, qu’il détourna la tête & s’éloigna.

On prétend que Frédéric a visité ce café dit l’Antre de Procope, jadis champ de bataille des querelles littéraires, & où il a été tant de fois question de ses combats, de ses victoires, de ses écrits, de ses négociations, de ses grandes & rares qualités.

L’empereur a visité les artistes, les artisans, les manufactures, & n’a vu aucun homme de lettres en particulier ; sans doute parce qu’ils sont tout entiers dans leurs écrits. Il a assisté à une séance de l’académie françoise, & il a fait cette interrogation au secretaire : pourquoi Diderot & l’abbé Raynal ne sont-ils pas de l’académie ? Ils se sont pas présentés, repartit le secre-