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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/49

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vous boudez tout seul dans un coin. Ils vous servent de chevaux de poste.

J’ai lu jadis une piece de vers intitulée : Épître à mon verrouil. L’idée étoit plaisante. Un philosophe avoit mis en grosses lettres dans son cabinet ces trois mots, épargnez mon tems. Avec cela faisoit-il fuir les importuns ? J’en doute. Il n’y a d’autres remparts contre les visites incommodes qu’un verrouil : il ne faut donc point faire une épître à son verrouil, mais le tirer.

Combien d’amitiés, combien de liaisons inutiles ! Il est un tems dans la vie, où un homme raisonnable devroit savoir à quoi se fixer, éprouver ceux qu’il fréquente, & se débarrasser ainsi de mille soins que tous ces amis de nom usurpent aux véritables. La sagesse, la philosophie s’en trouveroient mieux, & l’on apprendroit de bonne heure à ménager le tems, à prévenir le regret de sa perte.

Certaines gens sont si fatigués d’eux-mêmes, qu’ils n’existent que quand ils ont