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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/5

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de me livrer à toutes mes fantaisies ? Que faut-il de plus ?

Paris est un pays délicieux pour quiconque cherche à jouir, & non à penser ; & quoi de plus triste que de penser ? que sont les plus sublimes pensées ? Je vous le demande. Quand j’ai payé ma capitation, tout le pavé du roi m’appartient ; je le broie à mon gré, pour voler précipitamment à mes plaisirs.

Si j’ai une rixe avec un homme du peuple qui retarde ma course, & que je le rosse un peu vivement pour lui apprendre à respecter un riche de ma qualité ; si sa fille m’a plu, puis m’a déplu huit jours après, je me tire d’affaires avec un peu d’argent. Je ne me mêle point des affaires d’état ; & que m’importe la manœuvre ? Je suis passager dans le vaisseau, je ne veux pas gouverner le gouvernement. Oh, Dieu m’en garde ! Qu’ils s’en tirent ceux qui en ont pris les rênes ; j’admire leur intrépidité. J’aurois toutes les vérités politiques & les plus utiles dans