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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/58

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qu’il est un fou, emporte l’objet, & il lui faut de fortes lunettes pour contempler son acquisition. À sa mort, tout cela sera dispersé en différentes mains, & l’œuvre tant poursuivie ne sera jamais complete.

Un vieux tableau à moitié peint & effacé, dont on ne distingue plus rien, sera préféré, parce qu’il est original, à un tableau moderne & intéressant, dont la couleur est fraîche & agréable. Quel est donc le défaut de ce dernier ? Le peintre est vivant.

Il faut que les particuliers laissent aux princes ou aux grands, dont l’opulence est excessive, le privilege de mettre de grosses sommes en tableaux & en statues. C’est une folie de consumer son patrimoine en curiosités ; c’est un vice d’oublier ses parens & ses amis pour des peintures ou des gravures. Ces arts sont faits pour figurer dans des sallons publics, & non dans des cabinets. L’amateur immodéré n’est qu’un maniaque.

On n’a point encore ridiculisé sur notre