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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/68

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portant dans leurs regards le desir ingénu ; les parens qui les suivent au même autel où ils se sont mariés ; les garçons de la fête en habits du dimanche, les rubans au chapeau, le bouquet au côté ; les filles en blanc corset, regardant ce jour-là leur amant avec plus d’assurance ; & le violon un peu aigre, mais qui conduit gaiement la marche & ferme le cortege, ne s’attende point à trouver sous le superbe portique de nos temples, ni la gaieté vive & franche, ni le riant tableau de cette joie naïve, ouverte & abandonnée.

L’hymen ici se célebre à grands frais ; on ne marche point sur la pelouse le long des haies fleuries, pour arriver à l’autel du bonheur. On s’enferme dans des carrosses à glaces ; on est chargé d’atours ; les coëffeurs ont occupé toute la matinée ; on s’observe tristement ; le cérémonial regle tous les pas, & le couple opulent, sous des habits d’or, porte déjà sur son front l’ennui qui doit les accompagner le reste de leurs jours. La villa-