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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/9

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nous ! Il est d’une autre espece assurément : ce n’est plus notre compatriote ; peut-il nous suivre, nous entendre ? Voyez-le bouche béante, œil étonné ! Il croit au bonheur, tandis qu’il n’y a de réel au monde que le plaisir ; c’est la monnoie courante de la félicité humaine, & les grosses pieces n’appartiennent à personne ici-bas. Je ne veux point du bonheur monotone des champs : c’est le premier des plaisirs insipides, disoit Voltaire ; je veux friser les superficies, & je m’arrête aux voluptés, toujours exquises quand elles sont variées. Or, où trouverai-je mieux que dans Paris ?

Je suis à tout sans peine & sans gêne. Si je fais couper un habit chez mon tailleur, eh bien, autant vaut-il prendre la couleur du jour, caca-dauphin, que prune-monsieur. C’est une suprême folie, vous écrierez-vous ; mais tout le monde à la cour est ainsi, il n’y a point de réponse à cela. Il ne faut jamais disputer des goûts ni des couleurs. Je quitte mon habit opéra-