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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/94

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ne goûta point ses incartades ; & comme il avoit le malheur de n’être pas né il y a deux mille ans, il fut arrêté & mis en prison.

Ce mendiant auroit dû savoir, puisqu’il avoit de l’esprit, qu’on taxeroit infailliblement de folie à Paris, ce qu’on eût admiré dans Athenes. On souffre parmi nous le plus vil, le plus bas, le plus lâche coquin ; mais tout frémit & se souleve à la moindre approche de ce qu’on nomme un cynique, ou de ce qui lui ressemble : ce caractere-là n’existe pas même à Paris, parce qu’il est le plus diamétralement opposé à la forme de notre gouvernement & de notre esprit de société.

Nous avons des discours moraux & politiques à foison, des sermons par milliers : peut-être, pour nous corriger, nous faudroit-il des plaisanteries sanglantes, des satyres vives, des bourades à bout touchant. Mais qui se chargera de fronder tout ce qui est vicieux, de mépriser tout ce qui est vil, de faire tonner la