Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 94 )

Pour épargner quelque cahot bruyant à une tête malade ou vaporeuse, on expose la vie de trente mille fantassins, dont la cavalerie se moque, il est vrai, mais qui ne doivent pas expirer sous les roues silencieuses d’un carrosse, parce que M. le marquis a eu un accès de fievre ou une indigestion.

Socrate alloit à pied ; Horace alloit à pied, (Ibam forte via sacra, sicut meus est mos.) Jean-Jaques Rousseau alloit à pied. Qu’un Jourdain moderne, qu’un faquin ait une berline angloise & une porte cochere ; à la bonne heure ; qu’il éclabousse les passans ; eh bien ! l’on s’essuie : mais qu’il ne nous écrase pas dans la fange, parce que ce n’est point un crime digne de la roue, que de savoir se servir de ses jambes, ou de rêver un peu dans son chemin.

Souvent les portes cocheres vomissent des voitures qui sortent à l’improviste, & qui coupent la rue rapidement & transversalement ; de sorte qu’il est impossible de se garantir de ce brusque danger ; on se