Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 84 )

a proposé de donner aux femmes les ordres & cordons dont leurs maris seroient honorés : cette idée est parfaitement ridicule ; toute récompense ne doit être accordée qu’à l’individu méritant. La reconnoissance nationale ne doit pas associer un individu à la gloire d’un autre. Qu’il y ait des distinctions pour les femmes qui auront joué un rôle extraordinaire, soit : mais cette sorte d’existence est une exception à la nature éternelle des choses. Les vertus domestiques, les plus pénibles de toutes ; mais aussi les plus satisfaisantes, voilà leur véritable gloire.

Ce seroit enflammer la jalousie des autres femmes, que d’en décorer quelques-unes, ce seroit introduire un ferment de discorde dans la société. La fierté naturelle au sexe s’accroîtroit à l’excès, car la femme pousse l’orgueil plus loin que l’homme. Enfin une décoration particulière, lorsqu’elles ne seroient pas l’auteur véritable d’une grande & belle action, seroit une dérision. Comment faire honneur à une femme du gain d’une bataille ? J’aimerois autant le sauvage qui se met au lit quand