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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/13

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offices entrent pour beaucoup dans le bonheur dont la base est le calme & le repos. Voilà pourquoi telle femme qui paroît laide & fastidieuse fait la félicité complete d’un homme qui la préfere à toute autre, parce que à chaque heure il voit naître un petit service qui produit un petit plaisir : or les petits plaisirs n’ont pas l’inconvénient des grands qui épuisent ; ils délectent & ne fatiguent pas.

L’homme de lettres valétudinaire, l’homme du monde qui se trouve seul, l’ecclésiastique que son état isole, se remettent entre les mains d’une gouvernante. Celle-ci, d’ordinaire souple & adroite, prend de l’ascendant sur l’esprit de son maître, qui paie par sa complaisance les bons offices qu’il en reçoit. Quelques-unes abusant de leurs droits ont amené leurs maîtres à les épouser ; d’autres ont dicté le testament, & ce n’est pas peu de chose que d’être la gouvernante d’un vieillard riche ; les neveux qui la détestent & la craignent lui font la cour, chacun d’eux sollicite ses recommandations ; l’oncle meurt,