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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/15

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dons ce sentiment pour les femmes livrées au vice, & accordons notre pitié & notre indulgence à celles que les circonstances ont amenées à un état qu’il est encore possible à elles d’ennoblir. Il ne faut point caresser le vice ; mais il ne faut pas décourager la foiblesse, ni la traiter comme le crime. Ne vaut-il pas mieux lui montrer qu’elle peut encore prétendre à l’estime des hommes & à l’estime d’elle-même, en effaçant sa faute par des vertus ? car la foiblesse n’étouffe pas les qualités de l’ame.

Plus d’une gouvernante a su se rendre estimable dans son emploi ; celle de Jean-Jacques Rousseau, devenue ensuite la femme de ce grand homme, avoit acheté le singulier ascendant qu’elle avoit sur lui par des soins infatigables, & une patience à toute épreuve. Seroit-ce donc que les hommes qui ont le génie en partage, sont destinés à être gouvernés par des femmes qui semblent n’avoir rien de commun avec eux ?