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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/160

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« Lorsque la mort avoit fermé la bouche des flatteurs & les yeux du maître de l’Égypte, un tribunal integre s’avançoit pour vérifier sa vie, & l’arrêtoit au bord du tombeau. Là le monarque, rentré dans la triste égalité des morts, suppliant, dépouillé de la grandeur passée, imploroit ce dernier asyle de l’homme & attendoit son arrêt. La nation assemblée, représentant la postérité, nommoit ses vertus, ou dénonçoit ses vices. La plainte des malheureux qu’il avoit opprimés, retentissoit sur son cercueil, ou bien les larmes de la reconnoissance publique l’arrosoient. C’étoit sur ces titres sinceres que ces magistrats de l’avenir prononçoient son jugement irrévocable. S’il avoit abusé de sa vie & de son peuple, les restes condamnés du souverain décédé étoient détruits, & son nom livré à l’immortalité de la honte. Mais s’il avoit vécu le bienfaiteur de ses sujets, ils l’accompagnoient encore dans cette route solitaire ; ils le conduisoient en triomphe vers sa tombe, & la gloire y gravoit à la