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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/182

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Sans les bleds nouveaux, & qui annoncent une seve active, cette cérémonie devient seche. L’homme a vu ses travaux bouleversés par le caprice des élémens ; il a craint, il a levé les mains vers l’Être qui dispense les rayons du soleil. Mais la procession dans les rues pierreuses de la ville a perdu toute sa dignité, tout son charme, & l’on n’entend plus qu’avec froideur, dans la rue Saint-Honoré, les chants qui dans les sentiers des haies fleuries auroient fait couler une larme de ferveur & de joie : car l’espérance n’est que le desir, & voilà le plus pur trésor de l’homme.

L’opulent ne voit-il pas le prix du froment avec une souveraine indifférence ? N’est-il pas tenté de rire, quand il rencontre la procession qui demande du pain à celui qui fait croître le bled ? Pourquoi donc profaner cette antique & religieuse cérémonie devant la porte orgueilleuse de tant d’hommes durs, ingrats & sans yeux, qui précipiteroient leurs chevaux sur la foule suppliante pour arriver un instant plus tôt à la bourse ? Allons voir