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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/184

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murailles de son college, il fait galoper le coursier boiteux. Un autre cheval, compagnon de misere, traîne avec peine le cabriolet chargé de disciples & du lourd professeur. Il adoucit sa voix sévere, cache sa férule, & une partie de son empire est perdue pour vingt-quatre heures.

Le jour, quoique long alors, ne l’est pas encore assez. L’imagination embrasse toutes les jouissances ; on voudroit les réaliser toutes à la fois. Le festin sera dressé sur l’herbe ; le vin que l’on boira ne sera plus gâté par l’eau surabondante ; la voix rauque des pédans n’osera plus tonner sur les aimables jeux. Les écoliers braveront dans une ardente liberté les regards des fâcheux pédagogues.

Il n’y a plus de maîtres ce jour-là. Quand le régent rit, tout doit rire dans l’univers. Y a-t-il une autre puissance sur terre ? Non : voici la royauté qui s’avance ; le hasard a conduit le monarque au milieu d’eux ; le monarque est leur camarade ; il a l’air riant ; ils