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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/214

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on songe que l’empereur, auteur de ce rescrit, étoit à sa tête de cent quatre-vingt-douze millions d’hommes, qu’il s’occupoit de ces soins paternels & qu’il s’exprimoit ainsi, l’ame est pénétrée de respect ; car cent quatre-vingt-douze millions d’hommes qui bénissent leur souverain du bienfait particulier d’une bonté attentive, forment le plus majestueux & le plus touchant des spectacles.

Quand l’adulation poétique a voulu faire un dieu d’un roi, elle auroit pu paroître excusable, si elle avoit enflé l’expression de la reconnoissance en faveur de ce Souverain Chinois, qui cultiva de ses mains une plante nourriciere, pour l’annoncer avec alégresse & la donner à perpétuité aux descendans de cent quatre-vingt-douze millions d’hommes. Quel trône ! quel monarque ! quel pere !

Si l’éclat des victoires, comme le dit Zoroastre, n’est que la lueur des incendies, quel roi de l’Europe, figuré en bronze dans nos places publiques, ne seroit pas plus grand en tenant dans sa main une tige de cette espece,