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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/255

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éternellement dans la même inertie, tant que les jeunes artistes qui ont des talens & des passions inflammables, seront subordonnés à ces musiciens en lunettes, que l’âge, la satiété, l’habitude ont rendus apathiques.

L’orchestre du concert spirituel est encore en partie infecté de ce vice national. Les chefs de ce spectacle sont parvenus à donner quelque perfection à la symphonie ; mais plus symphonistes que musiciens, ils croient toujours que les voix sont faites pour accompagner leurs violons & leurs contre-basses. En vain le public leur crie qu’il n’entend point les paroles de leurs motets ; rien ne les guérit de la manie françoise, qui veut que toute musique soit bruyante & confuse. On croiroit qu’on ne peut remuer le cœur sans briser le tympan de l’oreille.

Que ne pourroit-on pas encore dire sur l’articulation usitée, sur la prosodie, sur la manie des petites notes, sur les vices attachés à toutes les especes d’agrémens dont nos maîtres de chant font un usage si ridicule, &