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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/277

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rêts ; on veut anticiper sur l’avenir ; on force l’usure, & l’usure punit cette avidité extravagante.

Entendez de tous côtés les plaintes des gens qui regrettent les tontines. On ne parle que des personnes qui, pour cent écus, ont joui de quatre-vingt mille livres de rente ; c’est à qui accouplera deux écus de six livres, pour leur en faire produire promptement un troisieme.

Mais le plus curieux de ces spéculateurs est celui qui, ayant sans cesse sous les yeux le calcul des probabilités de la vie humaine & la table des mortalités, s’est établi acquéreur de rentes viageres.

On sait que les extraits mortuaires servent de quittance au roi, & que dès qu’un homme est enterré, il est payé, eût-il porté la veille tout son argent au trésor royal. L’acquéreur de rentes viageres (nouveau métier) combine toutes ces chances hasardeuses, & d’après des calculs fins & particuliers, achete le pain quotidien des rentiers.