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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/304

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Elle a voulu se rendre médiatrice, elle est chansonnée des deux côtés : ce qui est fort cruel, après avoir reçu tant de vers à sa louange. Elle reste enfin seule, forcée de protéger encore un auteur de la foire ou de l’opéra-comique, qui l’ennuie & qu’elle écoute pour ne pas paroître désœuvrée.

Les femmes distinguées ont renoncé à ce ridicule, encore en vogue il y a trente années, & l’ont laissé à quelques petites femmes d’académiciens, qui ont besoin de plâtrer la réputation de leurs maris, & qui sont curieuses aussi de juger par elles-mêmes du talent des jeunes auteurs. Les femmes sensées, qui sont étrangeres à toutes les prétentions de la gent académique, ne se livrent pas à un engouement particulier ; elles ne répetent point le jargon des jugeurs modernes, ne se perdent pas dans les pédantesques discussions du goût, & n’ont point la fureur de s’éloigner du bon sens pour courir après l’esprit.

On trouve donc aujourd’hui l’académie françoise dans beaucoup de maisons. Il n’est