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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/330

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sourd, le niais, l’aveugle, le goutteux. Chaque tableau passe comme un éclair ; ce sont des nuances fines, délicates, promptes, qui donnent à sa physionomie des physionomies diverses, & qui lui impriment une prodigieuse & incroyable mobilité.

Il seroit impossible de donner aux étrangers une idée de ce talent rare & pittoresque ; il faut le voir. S’il est impossible à la plume de représenter le jeu pathétique de la Dumesnil, les graces de feu Poisson, la naïveté de mademoiselle Dangeville, il me seroit encore plus difficile de décrire le jeu fin de ces mimes. Heureux imitateurs des accidens variés de la nature, elle leur fournit une multitude de traits qu’on n’a jamais songé à faire passer sur nos théatres. Nos salles seroient trop vastes pour ces imitations fines & déliées, qui déguisent l’art avec tant d’adresse. Il faut voir & entendre ces mimes, & lorsqu’on les a vus & entendus, on a peine à comprendre comment l’art a pu s’approcher de ce point de perfection. Sortez d’au-