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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/44

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tenant-général de police est le maître absolu de la ville, & que sa seule volonté y fait tout ; il n’apperçoit que ce ministre qui tient la verge, & les autres administrateurs n’existent pas pour lui ; il n’a point d’idée d’un ministere où l’exempt & l’inspecteur ne sont plus rien.

Ces cantiques, ces chansons, ces vaudevilles sont tous préalablement lus & approuvés par le censeur S***, qui fait lui-même des chansons & des couplets ; mais point aussi naïfs, aussi rians, aussi faciles que ceux que l’on chante quelquefois dans les rues : le censeur est inférieur au poëte.

Il y a encore les complaintes sur les pendus & les roués, que le peuple écoute la larme à l’œil, & qu’il achete avec empressement. Quand, par bonheur pour le poëte du Pont-Neuf, quelque personnage illustre monte sur l’échafaud, sa mort est rimée & chantée avec le violon. Ainsi à Paris tout est matiere à chanson ; & quiconque, maréchal de France ou pendu, n’a pas été chansonné, a beau faire,