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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/70

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Une erreur de peintre n’est pas dangereuse ; mais tel qui ne connoissoit pas la construction ni la marche de la galiotte de Saint-Cloud, a entrepris de diriger la marine royale. C’est que beaucoup de François, à l’imitation des marquis de Moliere, savent tout à merveille, & sur-tout ce qu’ils n’ont jamais appris.

Paris, malgré le vaisseau qui figure dans ses armes, ne fournit point de matelots à l’état. On y mange de la marée ; mais les trois quarts de ses habitans ignorent ce que c’est que le flux & le reflux de l’Océan. Des bateliers moteurs de la navigation semblent plutôt traîner que conduire de longs bateaux qui s’engravent perpétuellement.

Des coches d’eau qui montent & qui descendent, qui partent majestueusement du quai de Saint-Paul ou de la Tournelle, voilà toute la marine qui justifie les armoiries de la capitale. Quand la Seine se gonfle, les flottes sont en grand danger. Le vaisseau voguant à pleines voiles, n’en restera pas