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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/82

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vrai miracle. Les voitures à tonneaux d’eau, dont le nombre est considérable, obstruent le passage. Elles se rangent de travers pour donner de l’eau dans les maisons. Plusieurs charrettes couvertes[1], dans lesquelles les conducteurs sont ensevelis & où ils ne peuvent ni voir ni entendre, s’opposent au défilé. Le bois des chantiers, de longues pieces de charpenterie menacent dans leurs mouvemens de crever les panneaux des voitures & le flanc des chevaux.

Quand arrivera la débâcle ? c’est le chaos à débrouiller. On croit appercevoir un débouché ; mais les pierres à bâtir, qui restent des mois entiers irréguliérement rangées dans des rues déjà étroites, interceptent le passage.

Cependant les cochers serrent le plus qu’ils peuvent, gênent par leur impatience mal-

  1. Ces misérables charrettes sont encore plus dangereuses que les cabriolets, parce que c’est un manan aveugle & brutal qui les conduit.