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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/102

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qui l’avoit forgée, pour ne pas daigner en faire la recherche. Il maria sa fille à un militaire aimable, qui lui fit perdre le goût de la retraite. Le pere vit encore, & embrasse dans la joie de son cœur les enfans de sa fille qui, au lieu d’être l’épouse stérile de Jésus-Christ, fait une excellente mere de famille.

CHAPITRE DLIX.

Portrait d’une Abbesse.


Toutes les passions se sont calcinées dans son sein, & il en est résulté une masse froide & insensible. La succulence des alimens a énervé son ame & enveloppé toute sa sensibilité. Elle ne sent point les peines de celles qui souffrent sous sa regle. Le calme de la froideur s’est étendu sur sa ronde face unie ; elle est devenue lisse & dure comme le bois qui forme le tour du couvent. Elle commande, elle tourmente, voilà sa grandeur & sa volupté.