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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/106

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Et j’ai besoin d’un bras
Qui du meurtre d’un roi ne s’épouvante pas.

Ces hémistiches monstrueux paroissent forts à l’oreille de ces faiseurs de tragédies, qui s’attablent dans le coin d’un café, pour y réciter le plan de leurs pieces insensées, où le parricide se commettra au nom de la liberté. Le commissaire qui arrêta le poëte Pechantré, lequel avoit tracé sur du papier, ici le roi sera tué, ne concevoit pas en homme de sens, qu’une tête parisienne pût appliquer, dans une auberge, ces mots au cinquieme acte d’une tragédie. Il faisoit son devoir en homme étranger à ces folies théatrales, qui peuvent avoir des conséquences, & qui, quoiqu’extravagantes, ont un caractere atroce.

Comment a-t-on avili ensuite sur ce même théatre l’ordre de la bourgeoisie ? Pourquoi le marquis, le comte y sont-ils toujours légers, sémillans, & le bourgeois toujours plat & bête ? Dans telle piece l’officier donne des croquignoles au marchand ; & le parterre, composé de boutiquiers, n’en rit pas moins de toutes ses forces.