Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 108 )

Or, dites-nous, moralistes, pourquoi le talent de la déclamation ou du chant, quelques applaudissemens publics, inspirent-ils tant de vanité, lorsque l’auteur, le peintre, le statuaire, le compositeur de musique, le géometre sont modestes par comparaison ? Je voudrois bien deviner ce qui, chez un comédien, met dans un jeu si prodigieux, si constant, les fibres de son amour-propre. Pourquoi ce sentiment fermente-t-il chez lui à un degré inconnu dans toutes les autres professions ? Qui au moral prendra le scalpel pour découvrir la cause de cette irritation, de ce prurit, que je ne me lasse point d’examiner ?

Le parterre de ce spectacle a perdu ses droits antiques ; il n’exerce plus avec vigueur une autorité dont on lui a contesté l’usage, qu’on lui a ravie enfin ; de sorte qu’il est devenu passif.

On l’a fait asseoir, & il est tombé dans la léthargie. La communication des idées & des sentimens ne se fait plus sentir. L’électricité est rompue, depuis que les banquettes ne per-