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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/117

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Rien ne doit plus étonner que de le voir s’amonceler dans un jardin public, & là ne faire autre chose, pendant une après-dînée entiere, que de parcourir les allées & s’asseoir sur des bancs ou des chaises. On voit qu’il ne sait se créer aucun amusement, & qu’un jour de fête est encore pour la petite bourgeoise un jour où il ne faut rien dépenser ; car l’avertissement pressant de la capitation, envoyé par le terrible receveur & qui menace de poursuivre, semble écrit sur toutes les physionomies.

Ce receveur de capitation est un rabat-joie perpétuel, un publicain décidé ; c’est une espece de financier dont on vient d’ériger l’emploi fatal en charge, & qui va rechercher des têtes contribuables jusques dans les flancs des veuves. Il vous impose arbitrairement ; & l’on a beau lui dire, ma tête vaut peu de chose, il vous soutient que votre tête est excellente pour lui payer tant. Dès que son tarif est tracé, rien ne l’efface, pas même le malheur imprévu. Le mort paie la capitation, dès que sa vie a entamé de quinze jours l’année financiere.