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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/128

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lection des peres de l’église, collection fastidieuse pour notre siecle. L’huissier veut en déranger un pour l’offrir au libraire priseur, qui demandoit à voir quelle étoit l’édition. Le volume pesant lui échappe des mains, tombe à terre, & voici que trois mille louis d’or jaillissent du ventre crevé d’un gros saint Chsysostôme. Ses voisins Grégoire, Jérôme, Augustin, Basile, rendent également l’or qu’ils receloient. Les héritiers émerveillés sourirent pour la premiere fois aux pages sacrées des peres de l’église. Ils ne reprocherent point à ces ouvrages théologiques leur pesanteur.

Le financier avoit caché son or, objet de tant de recherches, entre les larges feuillets collés de ces livres, bien sûr qu’on ne s’aviseroit pas dans sa maison d’aller ouvrir ces volumes respectés. Il avoit imaginé que ces gros in-folio, sous un frontispice qui éloigne la main, pouvoient devenir de véritables coffres-forts, où son or reposeroit d’une maniere plus sûre que sous la clef & les bandes de fer.