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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/141

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commerce, répandent une grande quantité de mauvais effets, & privent les bons de leur valeur réelle.

Ces ventes trop multipliées jettent dans le peuple un esprit brocanteur, qui le détermine à la ruse & à une artificieuse cupidité.

Il y a ensuite dans ces ventes une confédération secrete dont on doit perpétuellement se défier : elle s’appelle la grafinade. C’est une compagnie de marchands qui n’enchérissent point les uns sur les autres dans les ventes, parce que tous ceux qui sont présens à l’achat y ont part ; mais quand ils voient un particulier qui a envie d’un objet, ils en haussent le prix, & supportent la perte qui, considérable pour une seule personne, devient légere dès qu’elle se répartit sur tous les membres de la ligue.

Ces marchands égrefins se rendent donc maîtres des prix, parce qu’ils font en sorte qu’aucun acheteur n’aille au-dessus de celui qu’un membre de la grafinade aura offert.

Quand un objet a été poussé assez haut,