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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/143

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que par la grafinade entiere, qui, selon l’expression populaire, a les reins forts, & joûte de maniere à écarter les plus intrépides.

Les crieuses de vieux chapeaux, les revendeuses imitent parfaitement sur ce point les lapidaires, les orfevres & les marchands de tableaux.

Nos seigneurs, sous le nom de curieux, sont des brocanteurs magnifiques, qui achetent sans besoin, sans passion, & seulement pour avoir de bons marchés, bijoux, chevaux, tableaux, estampes, antiques, &c. Ils font des haras ou des cabinets, qui sont bientôt des magasins. On les croiroit passionnés pour les beaux-arts ; ils aiment l’argent.

Ces vases, ces bronzes, ces chefs-d’œuvres auxquels ils semblent tenir, & dont ils se montrent idolâtres, appartiennent à qui voudra les en débarrasser pour de l’or. La médaille la plus antique ne restera pas au médaillier. Malgré tout l’étalage du propriétaire, on en fera la conquête. Ces brocanteurs décorés usurpent ainsi les profits des classes