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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/146

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coûte pour le faire venir. Qu’importe à un homme qui a cent mille livres de rentes de brûler deux cents voies de bois inutilement ? Sait-il qu’être prodigue de ce côté-là, c’est tout comme s’il achetoit & anéantissoit l’air qu’on respire ? Il faut alors qu’un grand nombre de petits ménages se contentent de deux voies de bois ; le riche a brûlé leur portion nécessaire.

Le bois a manqué tout-à-coup à Paris le premier mars 1783. On n’en avoit plus pour de l’argent. Il fallut mettre un commissaire dans les chantiers, pour empêcher les marchands de faire la loi. Les charretiers eux-mêmes exigeoient six livres pour la voiture, qu’on ne leur payoit que vingt sols la veille.

Pourquoi les chantiers se sont-ils trouvés dégarnis ? L’un dit : c’est parce que le prévôt des marchands a voulu faire payer d’avance aux marchands de bois le droit d’entrée, qu’ils ne payoient qu’au bout de l’année ; ils se sont entendus pour ne faire venir que très-peu de bois, sûrs que la disette rendroit plus traitables ceux qui reçoivent l’impôt. D’au-