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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/199

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Le cabaleur en chef, qui jadis ameutoit tout un parterre, n’existe plus. Ce rôle singulier, & que j’ai vu dans ma jeunesse, s’est effacé & ne figure plus dans nos spectacles. Il le forme bien quelques petits pelotons d’auteurs infortunés & envieux ; mais tous les accès de la jalousie ne font plus rien contre une piece qui recele de vraies beautés.

Il y a trois sortes de parterres ; celui des gens de lettres, qui ordinairement est trop sévere ; celui des gens du monde, qui n’a pas assez de sensibilité : c’est la troisieme portion du public qui sait apprécier l’auteur & le récompenser de ses efforts. Les auteurs de profession sont de mauvais juges, parce que leur maniere propre est trop inhérente à leur poétique. Ils veulent la perfection dans autrui, & ne la recherchent pas pour eux-mêmes.

L’histoire du parterre pourroit fournir une foule d’anecdotes curieuses, qui déceleroient le tour d’esprit de la nation.

Peu de pieces bonnes ou mauvaises, qui n’aient produit un bon mot, quelquefois plus