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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/215

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fleurs de rhétorique ; il fait briller sa parasite éloquence devant le curé, les gros marguilliers, & les dames placées à l’œuvre, qui le rejoindront à la collation.

Plus loin, c’est un fanatique bourru, qui se déchaîne, écume & se transporte contre ce qu’il appelle la philosophie & les philosophes. Il veut pénétrer son auditoire de sa pieuse rage ; il tonne devant des jansénistes qui sont accourus en foule, & devant quelques hommes de lettres qui sont venus aussi ; mais pour rire tout bas des contorsions & du style de l’énergumene.

Tout sermonneur, en descendant de chaire, obtient une collation ; il est en nage, il faut qu’il change de chemise. Le bedaud lui apporte du vin & du sucre ; & cette bouche qui vient de foudroyer l’auditoire, d’annoncer le terrible jugement dernier, l’anathême épouvantable de la damnation éternelle, radoucit sa voix tonnante, & dit aux dames : prenez ce macaron, mangez ce massepain, partageons, de grace, ce biscuit.